UN PEU DE GÉOLOGIE

Bourguenolles, d’un point de vue purement géologique, appartient au Massif armoricain, donc à une zone très ancienne, plusieurs centaines de millions d’année.
Sa structure géologique est assez simple comme on peut le voir sur la carte ci-dessous (Bourguenolles se situe un peu au dessous de Villedieu les Poêles):


GÉOLOGIE BOURG.002
GÉOLOGIE BOURG.002_2
GÉOLOGIE BOURG.002_2_2

Bien entendu, cette structure est le plus souvent dissimulée par le sol cultivé et la végétation, mais si on « gratte » un peu, ou beaucoup, comme à la carrière, on peut découvrir trois types de roches (voir ci-dessus les légendes de la carte).
Les deux premières sont en fait des schistes dits « briovérien » appelés ainsi d’après le nom ancien de St Lô, où ce schiste prédomine (sous sa forme exempte de métamorphisme thermique).
Comme tous les schistes, ces roches se sont formées à la base d’accumulations d’argile, sous la pression des couches supérieures.
Si vous voulez voir ces schistes, allez à St Lô, et examinez la base des remparts.

Pasted Graphic

Le briovérien métamorphisé lui, est bien connu des Bourguenollais, c’est tout simplement, la roche que l’on extrait de la carrière de Bourguenolles (une variété de cornéenne, roche très très dure, fournissant un granulat aux grandes qualités physiques et chimiques). On peut le vérifier en examinant le spécimen offert il y a quelques années par la carrière à l’église de Bourguenolles (chapelle sud):

DSC02763_2

Comme il est dit ci-dessus, ce schiste a été transformé (cuit sous de hautes pressions, pour employer des termes moins savant que métamorphisme) au contact de granites, très chauds, et à grande profondeur, apparus lors de la formation de la chaîne dite « cadomienne ». Dans la région qui nous intéresse, ces granites appartiennent à la variété « granodiorite » et plus précisément, « granodiorite à biotite et cordiérite ».
Nous n'en avons pas l’exclusivité: le Mont St Michel et les Iles Chausey sont constitués essentiellement de granodiorite.
Il faudra revenir sur les caractéristiques et l’origine passionnante de ces roches, mais en attendant, tous ceux qui habitent, séjournent ou ont l’intention de séjourner ou habiter à Bourguenolles brûlent de savoir sur quelles roches ils mettent les pieds; alors, jetons un coup d'œil sur la carte géologique de Bourguenolles, publiée par le BRGM:

Géologie Bourguenolles006

GÉOLOGIE BOURG.003
GÉOLOGIE BOURG.003_2

La zone dont le sous-sol est constitué de granodiorite se présente donc sous deux formes:
- soit la roche est riche en blocs rocheux avec des poches de sables (arènes), à la Josserie, par exemple,
- ou bien la roche est recouverte d’une épaisse couche de sable, à la Gislière par exemple.
Ajoutons qu’en jaune (œy), sont représentées les zones recouvertes d’un épais manteau de lœss, épaisse couche argileuse apportée par le vent après les glaciations du Quaternaire. On peut en avoir une idée en observant les travaux effectués récemment dans le Bourg.

Maintenant que vous êtes rassurés, vous voulez sans doute savoir quelle peut être l’origine des ces roches.
Nous avons parlé de roches magmatiques, mais de quoi s’agit-il? Et chez nous, quelle variété de roches magmatiques possédons nous?
Suivez le guide: (les encadrés rouges):

Pasted Graphic 1

Pasted Graphic 2

Vous avez tenu bon ? Alors, je continue.

Comment tout cela s’est passé ? Et quand ?

C’était il y a très très longtemps... Il y a plus de 500 millions d’années ! Si bien que si l’on creuse un tout petit peu dans son jardin, on se retrouve reporté des centaines de milliers de siècles
en arrière. Chez moi, il suffit de creuser d’environ 60cm. Un formidable voyage dans le temps.
Pendant plus d’un milliard d’années, il ne s’était pas passé grand-chose, aucun événement géologique n’a été décelé en Normandie, comme, du reste dans tout le Massif armoricain. On devait s’ennuyer
ferme dans ce temps là!
Puis, il y a près de 700 millions d’années, notre région a commencé à connaître une intense activité volcanique. Des chaînes de volcans émergèrent de la mer, traversant le département de la Manche d'est en ouest, la première et la plus importante, à hauteur de Coutances, la seconde un peu au sud de Cherbourg. Ces chaînes de volcans ou arcs insulaires étaient du même type que ceux actuellement situés sur la côte ouest du Pacifique (arcs des Mariannes) et étaient séparées par des bassins marins où se déversaient les rejets volcaniques et le produit d’une intense érosion, accélérée par l’absence de couvert végétal sur les terres émergées. Le monde était en effet bien différent en ce temps là. Il n’y avait aucune vie sur les terres émergées ; la vie se concentrait dans les mers et les océans où grouillait une faune et une flore étrange. La Terre tournait plus vite sur elle-même, et la Lune était plus proche de la Terre (et tournait aussi plus vite autour de notre planète). L’atmosphère, enfin, était beaucoup plus chargée en gaz carbonique (CO2) que maintenant. Un vrai cauchemar d’écologiste !
Le fond des océans, du fait de cette érosion intense, qui sévit pendant plus de cent millions d’années, se recouvrit de sédiments fins (boues argileuses) et de dépôts volcaniques.
Plus tard, ces sédiments et dépôts furent transformés en schistes sous l’effet de la pression et de la chaleur après avoir été enfouis sous des kilomètres d’autres terrains. Pendant ce temps, se formaient lentement à une grande profondeur des roches plutoniques (granites, granodiorites) qui avaient tendance à remonter et qui au contact des schistes transformaient ces derniers en « cornéennes » sur une profondeur de quelques centaines de mètres (il y a environ 550 millions d’années). Ensuite, au cours des centaines de millions d’années qui suivirent l’érosion enleva les terrains qui recouvraient nos granodiorites, granites, schistes briovériens et cornéennes, pour donner notre paysage actuel. Ces schistes et granites furent même sérieusement entamés par l’érosion, qui tendit cependant à se ralentir en raison de la formation des couvertures végétales.
Ce n’est qu’au cours de l’ère quaternaire qu’apparut le Loess, formé par le dépôt de fines particules d’argiles portées par le vent, après les glaciations qui avaient fait disparaître la couverture végétale dense des périodes interglaciaires. Ce Loess, que l’on peut dater de quelques milliers d’années forme des terrains très fertiles en quelques endroits de la commune (comme au Bourg, où on peut constater son épaisseur à l’occasion des travaux).