Bourguenolles, d’un point de
vue purement géologique, appartient au Massif armoricain,
donc à une zone très ancienne, plusieurs centaines de
millions d’année.
Sa structure géologique est assez simple comme on peut le
voir sur la carte ci-dessous (Bourguenolles se situe un peu
au dessous de Villedieu les Poêles):
Bien entendu, cette structure
est le plus souvent dissimulée par le sol cultivé et la
végétation, mais si on « gratte » un peu, ou
beaucoup, comme à la carrière, on peut découvrir trois
types de roches (voir ci-dessus les légendes de la carte).
Les deux premières sont en fait des schistes dits
« briovérien » appelés ainsi d’après le nom
ancien de St Lô, où ce schiste prédomine (sous sa forme
exempte de métamorphisme thermique).
Comme tous les schistes, ces roches se sont formées à la
base d’accumulations d’argile, sous la pression des couches
supérieures.
Si
vous voulez voir ces schistes, allez à St Lô, et examinez
la base des remparts.
Le briovérien
métamorphisé lui, est bien connu des
Bourguenollais, c’est tout simplement, la roche que l’on
extrait de la carrière de Bourguenolles (une variété de
cornéenne, roche très très dure, fournissant un granulat
aux grandes qualités physiques et chimiques). On peut le
vérifier en examinant le spécimen offert il y a quelques
années par la carrière à l’église de Bourguenolles
(chapelle sud):
Comme il est dit ci-dessus, ce
schiste a été transformé (cuit sous de hautes pressions,
pour employer des termes moins savant que métamorphisme) au
contact de granites, très chauds, et à
grande profondeur, apparus lors de la formation de la
chaîne dite « cadomienne ». Dans la région qui
nous intéresse, ces granites appartiennent à la variété
« granodiorite » et plus précisément,
« granodiorite à biotite et
cordiérite ».
Nous n'en avons pas l’exclusivité: le Mont St
Michel et les Iles Chausey sont constitués essentiellement
de granodiorite.
Il faudra revenir sur les caractéristiques
et l’origine passionnante de ces roches, mais en attendant,
tous ceux qui habitent, séjournent ou ont l’intention de
séjourner ou habiter à Bourguenolles brûlent de savoir sur
quelles roches ils mettent les pieds; alors, jetons un coup
d'œil sur la carte géologique de Bourguenolles, publiée par
le BRGM:
La zone dont le
sous-sol est constitué de granodiorite se présente
donc sous deux formes:
- soit la roche est riche en blocs rocheux avec des poches
de sables (arènes), à la Josserie, par exemple,
- ou bien la roche est recouverte d’une épaisse couche de
sable, à la Gislière par exemple.
Ajoutons
qu’en jaune (œy), sont représentées les zones recouvertes
d’un épais manteau de lœss, épaisse couche argileuse
apportée par le vent après les glaciations du Quaternaire.
On peut en avoir une idée en observant les travaux
effectués récemment dans le Bourg.
Maintenant que vous êtes rassurés, vous voulez
sans doute savoir quelle peut être l’origine des ces
roches.
Nous
avons parlé de roches magmatiques, mais de quoi s’agit-il?
Et chez nous, quelle variété de roches magmatiques
possédons nous?
Suivez
le guide: (les encadrés rouges):
Vous avez tenu bon ?
Alors, je continue.
Comment tout cela s’est passé ? Et
quand ?
C’était il y a très très longtemps... Il y a
plus de 500 millions d’années ! Si bien que si l’on
creuse un tout petit peu dans son jardin, on se retrouve
reporté des centaines de milliers de siècles
en
arrière. Chez moi, il suffit de creuser d’environ 60cm. Un
formidable voyage dans le temps.
Pendant
plus d’un milliard d’années, il ne s’était pas passé
grand-chose, aucun événement géologique n’a été décelé en
Normandie, comme, du reste dans tout le Massif armoricain.
On devait s’ennuyer
ferme
dans ce temps là!
Puis,
il y a près de 700 millions d’années, notre région a
commencé à connaître une intense activité volcanique. Des
chaînes de volcans émergèrent de la mer, traversant le
département de la Manche d'est en ouest, la première et la
plus importante, à hauteur de Coutances, la seconde un peu
au sud de Cherbourg. Ces chaînes de volcans ou arcs
insulaires étaient du même type que ceux actuellement
situés sur la côte ouest du Pacifique (arcs des Mariannes)
et étaient séparées par des bassins marins où se
déversaient les rejets volcaniques et le produit d’une
intense érosion, accélérée par l’absence de couvert végétal
sur les terres émergées. Le monde était en effet bien
différent en ce temps là. Il n’y avait aucune vie sur les
terres émergées ; la vie se concentrait dans les mers
et les océans où grouillait une faune et une flore étrange.
La Terre tournait plus vite sur elle-même, et la Lune était
plus proche de la Terre (et tournait aussi plus vite autour
de notre planète). L’atmosphère, enfin, était beaucoup plus
chargée en gaz carbonique (CO2) que maintenant. Un vrai
cauchemar d’écologiste !
Le
fond des océans, du fait de cette érosion intense, qui
sévit pendant plus de cent millions d’années, se recouvrit
de sédiments fins (boues argileuses) et de dépôts
volcaniques.
Plus
tard, ces sédiments et dépôts furent transformés en
schistes sous l’effet de la pression et de la chaleur après
avoir été enfouis sous des kilomètres d’autres terrains.
Pendant ce temps, se formaient lentement à une grande
profondeur des roches plutoniques (granites, granodiorites)
qui avaient tendance à remonter et qui au contact des
schistes transformaient ces derniers en
« cornéennes » sur une profondeur de quelques
centaines de mètres (il y a environ 550 millions d’années).
Ensuite, au cours des centaines de millions d’années qui
suivirent l’érosion enleva les terrains qui recouvraient
nos granodiorites, granites, schistes briovériens et
cornéennes, pour donner notre paysage actuel. Ces schistes
et granites furent même sérieusement entamés par l’érosion,
qui tendit cependant à se ralentir en raison de la
formation des couvertures végétales.
Ce
n’est qu’au cours de l’ère quaternaire qu’apparut le Loess,
formé par le dépôt de fines particules d’argiles portées
par le vent, après les glaciations qui avaient fait
disparaître la couverture végétale dense des périodes
interglaciaires. Ce Loess, que l’on peut dater de quelques
milliers d’années forme des terrains très fertiles en
quelques endroits de la commune (comme au Bourg, où on peut
constater son épaisseur à l’occasion des
travaux).